L’équivalent de 47 millions d’euros va être versé à près de 2.000 réfugiés qui avaient formé un recours collectif (class action) contre leur détention dans un camp offshore australien controversé, ont annoncé mercredi leurs avocats.
Cet arrangement à l’amiable va permettre au gouvernement australien, et aux entreprises privées de sécurité Transfield et G4S, d’éviter un procès.
Au total, 70 millions de dollars australiens devront être partagés entre 1.905 personnes qui sont ou ont été détenues depuis 2012 dans le camp de l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Elles avaient formé leur recours pour demander des dédommagements pour le préjudice physique et moral subi.
Elles dénonçaient en outre une détention arbitraire en invoquant un jugement rendu l’an passé par la Cour suprême locale qui avait estimé « illégale » et « anticonstitutionnelle » la détention des demandeurs d’asile à Manus.
Les plaignants ont en outre obtenu 20 millions de dollars australiens de frais de justice.
« Les personnes détenues sur Manus ont vécu dans des conditions extrêmement hostiles, mais elles ne souffriront plus en silence », a déclaré l’avocat Andrew Baker, du cabinet Slater and Gordon.
« Bien qu’aucune somme d’argent ne puisse complètement reconnaître les conditions de détention terribles, nous espérons que ce réglement peut commencer à aider les détenus à reléguer derrière eux ce triste chapitre de leur vie », a-t-il ajouté.
L’Australie essuie les foudres d’organisations de défense des droits de l’Homme, de même que de l’ONU, pour sa politique extrêmement dure vis-à-vis des demandeurs d’asile.
Sa marine repousse systématiquement les bateaux de clandestins. Ceux qui parviennent à gagner ses côtes malgré tout sont placés dans des camps de rétention hors de l’Australie, comme à Manus ou sur Nauru, petite île du Pacifique, le temps que leur demande d’asile soit examinée.
Même si leur demande d’asile est jugée légitime, Canberra ne les autorise pas à s’installer en Australie.
Les conditions de vie à Manus et Nauru ont été dénoncées par de nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme qui citent les graves problèmes psychologiques des détenus, les tentatives d’automutilation et de suicide.
Le gouvernement australien n’a pas réagi dans l’immédiat à l’accord de règlement de ce recours collectif. Mais Rory Walsh, un autre avocat des plaignants, a déclaré à l’Australian Broadcasting Corporation que ce règlement n’était en rien une reconnaissance de culpabilité de Canberra.
« La ligne de défense des avocats (de l’Australie) était de dire que c’était la Papouasie, et non elle, qui était responsable du maintien en détention », a-t-il dit.
« Ce déni permet (à l’Australie) de continuer à faire gérer ces camps ».
© AFP
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