» Je ne sais à vrai dire pas pourquoi mais en matière de théâtre français, les Australiens ne connaissent et ne montent que Les Bonnes de Jean Genet » nous confie amusée Anna Jahjah, la metteure en scène française de 32 ans, présentant Le Roi se Meurt d’Eugène Ionesco au ChippenStreet Theatre de Sydney du 7 au 16 mars.
L’anecdote a de quoi faire sourire tant la pièce de Jean Genet n’est pas restée à la postérité dans l’Hexagone. » Les Australiens connaissent finalement assez peu le théâtre européen…Un peu de Shakespeare, un peu de Molière et c’est à peu près tout. » ajoute-t-elle un brin ironique.
Anna Jahjah ou l’histoire d’un coup de foudre avec l’Australie
Nous rencontrons donc Anna Jahjah au Royal Botanic Garden de Sydney, à l’endroit même de la Murder Party animée par le Théâtre Excentrique et relayé par le Courrier Australien le mois dernier.
L’occasion pour la rédaction du Courrier de revenir sur le parcours étonnant de ce trublion franco-australien de la scène culturelle sydnésienne.
Originaire de Marseille, l’histoire d’Anna Jahjah avec l’Australie commence lorsqu’elle avait 18 ans par une découverte pour le moins inédite : apprenant qu’une partie de sa famille serait australienne et habiterait à Sydney, elle décide après son baccalauréat d’aller l’a visiter. » La première fois que je les ai vus, ils étaient tout rouge » nous confie-t-elle.
Pour autant, un véritable »coup de foudre » : Anna Jahjah tombe sous le charme de la nature, de grands espaces, et de l’ouverture culturelle du pays. Elle décide alors d’étudier sur place.
Une fois sa maîtrise d’anglais appliqué en poche mais attirée par la scène, Anna Jahjah retourne à Paris pour se lancer aux Cours Florent, une école de théâtre parisienne très reconnue, avenue Jean Jaurès dans le 19e arrondissement. Elle a alors 25 ans et y restera deux ans. Une fois diplômée, elle tourne quelques années en France en tant que comédienne avant de quitter définitivement Paris pour Sydney en 2012. Alternant les ateliers-théâtres et la mise en scène, Anna Jahjah se nourrit alors de ces différentes expériences afin d’explorer un théâtre nouveau et rafraîchissant.
En finir avec Les Bonnes de Jean Genet
Faire vivre un théâtre plus international à Sydney et donc ne pas monter des pièces anglophones : voilà le leitmotiv d’Anna Jahjah et sa compagnie, le Théâtre Excentrique. Ensemble inédit dans le paysage culturel sydneysien, la troupe a su au fil des années se faire une place au soleil.
Il s’agit alors de restaurer l’idée d’un véritable » ensemble » théâtral : un entrepôt de 9oo mètres carrés basé à Botany sert de locaux de répétition, réunissant le noyau dur de comédiens permanents, les graphistes et les costumiers de la troupe.
Du 7 au 16 mars, la compagnie fera vivre sur les planches australiennes Le Roi se Meurt, une des pièces les plus sensibles du dramaturge français Eugène Ionesco au ChippenStreet Theatre de Sydney. À travers une lecture psychanalytique en filigrane, Anna Jahjah, nous invite a aborder la thématique de notre rapport à la mort. Surprise, refus, entêtement, colère, impuissance puis angoisse devant la mort, les méandres des états d’âme du Roi Bérenger 1er réfléchissent tel un miroir nos propres questionnements métaphysiques.
Dernier projet en date, une adaptation de la pièce Frida Kahlo : Viva la Vida du dramaturge mexicain Humberto Robles.
Une chose est sûre : cette jeune metteure en scène française continuera de dynamiter une scène théâtrale australienne encore aujourd’hui bien convenue et timide.
Gauthier Mesnier
Suivez Le Courrier Australien sur Facebook et Instagram et abonnez-vous gratuitement à notre newsletter. Des idées, des commentaires ? Une coquille, une inexactitude ? Contactez-nous à [email protected].
Discussion à ce sujet post