L’exposition Alphonse Mucha: The Spirit of Art Nouveau, est visible jusqu’au 22 septembre 2024 au musée d’art national de la Nouvelle-Galles du Sud (Art Gallery of New South Wales). Courez-y, car ce sont les dernières semaines.
Survivant au régime communiste qui sévissait alors en Tchécoslovaquie, Alphonse Mucha (1860-1939) s’est illustré avec un style frondeur connu sous l’expression d’Art Nouveau. Après des débuts difficiles et un regain d’intérêt pour sa pratique artistique dans les années 1960, il finit par imposer sa griffe dans les plus grandes collections du monde entier. Si vous avez raté cette exposition l’année dernière à Aix-en-Provence, vous pouvez vous rattraper en allant explorer les salles du musée d’art national de la Nouvelle-Galles du Sud.
Alphonse Mucha: maître incontesté de l’art nouveau
« Nul n’est prophète en son pays » et Alphonse Mucha, plus que tout autre artiste, a pu mesurer la justesse de cette expression. Graphiste et illustrateur de métier, il lui a fallu s’expatrier à Paris en 1887 pour émanciper sa carrière et se lancer dans les affiches publicitaires à la même époque que Toulouse-Lautrec qui s’improvisa affichiste en 1891 à la faveur d’une commande. Mucha fut embauché par les éditions Armand Colin alors qu’il poursuivit ses études dans le Quartier Latin.
Il croisa ensuite sur son chemin l’actrice Sarah Bernhardt qui lui passa commande de plusieurs affiches. Cette forme de parrainage lui donna une certaine stabilité financière pendant ces années de bohème pendant lesquels il put établir sa notoriété. Ces grâces féminines aux longs cheveux que l’on croirait sorties tout droit de La Naissance de Venus (c. 1484) de Sandro Botticelli hantent les murs de la Ville Lumière avec une palette de pastels rehaussés de courbes sinueuses qui représentent la marque de fabrique du style Mucha.
En 1896, il fit la connaissance de Berthe de Lalande, qui deviendra son égérie et son amante pendant un temps, mais elle tombera dans les limbes par la suite dès qu’il convola en justes noces avec Maruska Chytilova en 1906. En développant un language iconographique qui lui est propre, Mucha teinte son œuvre d’un symbolisme et mysticisme qui n’est pas sans évoquer les icônes biélorusses, du moins le dépouillement de leurs traits.
Fort de son graphisme et de sa volonté affichée de démocratiser l’art, on a beau penser que l’artiste tchèque est le précurseur des arts décoratifs (Art Deco) nés dans la décennie de la Grande Guerre et du pop art qui prit son essor dans les années 1950, sa production artistique aux accents spirituels et humanistes n’en est pas moins profonde ni féconde. À la croisée des arts appliqués et de la mercatique de l’art dont les produits dérivés promeuvent l’esthétique, Mucha veut rendre accessible son savoir-faire au plus grand nombre. Artiste polyvalent et accompli, il fait feu de tout bois. Plurielles, son inspiration (égérie, japonisme, mysticisme, fibre patriotique, culture slave, etc.) et sa production (parures, peinture, photographie, design, affiches, vitraux, etc.) finissent par mettre à nu l’énigme du beau.
Jean-François Vernay.
Image: Installation view of the ‘Alphonse Mucha: Spirit of Art Nouveau’ exhibition at the Art Gallery of New South Wales, 15 June – 22 September 2024, photo © Art Gallery of New South Wales, Diana Panuccio
Discussion à ce sujet post