Le procès des principaux médias australiens et de journalistes, accusés d’avoir violé le black-out médiatique imposé en 2018 par la justice sur le procès pour pédophilie du cardinal George Pell, acquitté depuis, a débuté lundi en Australie.
Douze médias appartenant au groupe News Corp de Rupert Murdoch ainsi qu’à son concurrent Fairfax Media, désormais aux mains du groupe Nine, sont poursuivis pour outrage à la cour et risquent jusqu’à 500.000 dollars australiens (305.000 euros). Dix-huit journalistes, également poursuivis, risquent jusqu’à cinq ans de prison.
Tous contestent les accusations.
En mai 2018, le tribunal jugeant le cardinal Pell avait émis une « ordonnance de suppression » imposant aux médias de ne pas évoquer le procès de l’ex-numéro trois du Vatican, afin d’éviter d’influencer les jurés d’un deuxième procès alors prévu. L’obligation de silence avait été levée en février 2019 quand l’accusation avait renoncé à cette deuxième série de poursuites.
Mais en décembre 2018 des médias étrangers, dont le New York Times et le Washington Post, avaient fait état de la condamnation du prélat australien pour agression sexuelle sur deux adolescents dans les années 1990.
Des médias australiens avaient alors publié des articles cryptiques, se plaignant de ce qu’on leur interdisait de faire état d’une affaire d’intérêt public majeur.
Les poursuites intentées contre eux, même si aucun article n’avait fait état des accusations contre M. Pell ou mentionné son nom, ont suscité des protestations des groupes de défense de la liberté de la presse et des libertés publiques. Ils ont regretté le fréquent recours des tribunaux australiens à ce type de mesures, notamment à l’âge d’internet et des réseaux sociaux.
Le cardinal a finalement été acquitté en appel en avril.
Lundi à l’ouverture du procès devant la Cour suprême de l’Etat de Victoria, la procureure Lisa De Ferrari a expliqué que des médias américains comme le Daily Beast et le Washington Post avaient été les premiers à rapporter en ligne la condamnation initiale du cardinal.
Parmi les articles sibyllins publiés par les médias australiens pour évoquer l’affaire, le Herald Sun, quotidien de Melbourne, avait publié une page noire en une barrée du mot « censuré », expliquant que « le monde lit une information très importante qui concerne les habitants de l’Etat de Victoria » dont la ville est la capitale.
Selon Mme De Ferrari, cela correspondait à une « invitation à lire » les informations à propos du cardinal Pell publiées en ligne par des médias hors Australie.
Elle a également présenté des courriels entre des journalistes du quotidien de Melbourne The Age discutant de la publication d’un article expliquant pourquoi ils ne pouvaient informer sur cette affaire.
Les arguments échangés allaient du droit à la protection dont doit bénéficier chacun devant un tribunal au risque de voir le public estimer que les médias grand public ne servaient plus à rien.
Le procès se déroule par vidéo en raison des restrictions liées à la pandémie de coronavirus et devrait durer dix à quinze jours.
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