Cet article est publié en exclusivité par Le Courrier Australien et l’Alliance française de Melbourne.
La saison 2018 de Victorian Opera fait, cette année, la part belle à la création hexagonale avec deux œuvres majeures jouées dans leur langue d’origine : Guillaume Tell et Pelléas et Mélisande. Le chef d’orchestre et compositeur australien Richard Mills nous les présente, avant de les diriger lui-même… à partir du 14 juillet prochain, une date hautement symbolique, puisque jour de la fête nationale française.
Deux opéras en français programmés cette année à Melbourne : qui a fait ce choix ?
Moi. Donc, tout cela est de ma faute. Guillaume Tell est un événement important, car c’est une œuvre qui n’a pas été jouée en Australie depuis plus d’un siècle. Quant à Pelléas et Mélisande, il m’a semblé intéressant de le reprendre, avec les musiciens de l’ANAM (Australian National Academy of Music), dans le cadre du centenaire de la mort de Debussy. Je rappelle que cette œuvre est l’unique opéra du compositeur français, il tient donc une place particulière dans son répertoire – un peu comme Fidélio pour Beethoven.
Guillaume Tell dure 6 heures dans son intégralité : allez-vous le jouer en totalité ?
Non, il serait trop long pour notre audience. Il faut comprendre que Rossini a composé cette oeuvre pour qu’elle soit jouée à l’opéra Garnier, au 19ème siècle (en 1829) ! A cette époque, on était très amateur de musique de ballet. Le livret de Guillaume Tell intègre donc de nombreux morceaux de danse, qui ne font pas forcément avancer le drame. A mon sens, Rossini a écrit un opéra qui offre à ses interprètes un choix immense de possibilités pour le réviser. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait. J’ai élaboré une version plus courte et contemporaine qui fait avancer l’histoire, sans fioritures. J’ai énormément travaillé, en écoutant notamment les enregistrements diffusés sur Internet (rires) puisque je n’ai jamais pu assister, hélas, à une représentation physique de cet opéra. Notre Guillaume Tell durera environ trois heures. Somme toute, une durée assez classique.
Le fait qu’il soit chanté en français : est-ce compliqué ?
Pas du tout ! La France a d’ailleurs une grande tradition d’opéra avec Rameau ou Lully par exemple. Guillaume Tell est véritablement un opéra français écrit par un italien. Pour cette production, nous sommes très heureux d’accueillir, en plus, de merveilleux chanteurs.
Parlez-nous un peu de Pelléas et Mélisande…
Debussy a trouvé avec l’oeuvre de Maeterlinck une histoire qui l’inspire et qui lui permettra de composer son unique opéra. C’est une œuvre véritablement originale qui se distingue par son langage musical particulier, éthéré, mystérieux, poétique. Le ténor Angus Wood a déjà été Pelléas plusieurs fois dans sa vie, mais Siobhan Stagg chante Mélisande pour la première fois. Notez qu’elle va se produire dans sa ville d’origine, puisqu’elle est de Melbourne ! Notre représentation, accompagnée par l’orchestre de l’ANAM, durera un peu moins que Guillaume Tell.
Y a-t-il une grande tradition d’opéra à Melbourne ?
Absolument. Nous aimons l’opéra et l’Australie a produit de très grandes voix. Pour ces représentations, nous attendons beaucoup de spectateurs et nous savons que de nombreux amateurs feront exprès le déplacement depuis d’autres Etats. En revanche, je crois pouvoir dire qu’il n’y a pas de public « australien » spécifique. Pour moi, les passionnés d’art lyrique sont sensiblement les mêmes, où qu’ils vivent à travers le monde.
Valentine Sabouraud
Guillaume Tell retrace l’histoire du héros légendaire suisse, rassemblant les troupes de son pays pour contrer les Autrichiens au 14ème siècle. L’opéra de Rossini sera joué les 14, 17 et 19 juillet 2018 au Palais Theatre de St Kilda. Informations ici.
Pelléas et Mélisande est la transposition du mythe de Tristan et Yseult qui voit l’amour de deux jeunes gens contrarié par la présence d’un mari jaloux. L’opéra de Debussy sera joué les 11 et 13 octobre 20018 toujours au Palais Theatre de St Kilda. Informations là.
A SUIVRE : Victorian Opera est partenaire de l’Alliance française de Melbourne. Il soutient son French Film Festival, mais aussi le Bastille Day Festival. A l’occasion des représentations de Guillaume Tell et Pelléas et Mélisance, Richard Mills animera une conférence passionnante sur « Les opéras en langue française » à Eildon Mansion, date à venir. |
>>> Cet article est aussi à lire en anglais ici.
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