« L’accord controversé qui autoriserait l’Australie à envoyer ses réfugiés au Cambodge est imminent et pourrait être signé dès cette semaine », a annoncé le 11 août The Sydney Morning Herald. En contrepartie, le gouvernement australien devra payer une somme évaluée à 40 millions de dollars pour que le Cambodge puisse accueillir les réfugiés « dans des conditions correctes ».
L’Australie userait de son influence économique pour forcer le Cambodge à accueillir ces réfugiés », révèle The Sydney Morning Herald. L’Australie est en effet l’un des contributeurs étrangers les plus importants du Cambodge, avec un budget d’aide régionale qui est passé de 309 millions de dollars à 686 millions de dollars pour 2014-2015.
Côté cambodgien, l’un des leaders de l’opposition, Son Chhay, a exprimé sa crainte de voir son pays devenir un « dépotoir » des autorités australiennes.
Après plusieurs mois de négociation, l’Australie et le Cambodge ont fini par se mettre d’accord pour que la quasi-totalité des réfugiés qui se trouvent actuellement sur l’île de Nauru, soit 1 000 personnes, soit transférée vers le royaume. Un peu plus d’une centaine seulement resteraient sur l’île.
Cette décision a fait réagir les organisations humanitaires, qui estiment que Phnom Penh n’a pas les capacités nécessaires pour accueillir ce millier de réfugiés. Selon les Nations unies, le Cambodge n’accueille actuellement que 68 réfugiés et 12 demandeurs d’asile.
« Le gouvernement australien est en train de jouer avec la vie de ces personnes, dénonce Phil Robertson, directeur de la section Asie de Human Rights Watch (HRW), interrogé par Le Monde. Ils ont peu de chances de survivre au Cambodge qui, rappelons-le, est un des pays les plus pauvres de la planète. Ils ne parlent pas khmer, ne peuvent ouvrir un compte bancaire ou obtenir un permis de travail. Ces personnes seront entièrement dépendantes de l’aide financière australienne », ajoute-t-il.
Le premier ministre Tony Abbott, arrivé au pouvoir en septembre 2013, avait fait campagne sur le thème « Stop the boats » (« Arrêtons les bateaux ») en référence aux boat people, en majorité kurdes, iraniens ou irakiens, qui tentent de rejoindre les côtes australiennes.
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